BÉLA TARR
"Les métamorphoses d'un visionnaire"
La filmographie de Béla Tarr, composée de dix longs métrages et d’une poignée
de films courts, fascine les cinéphiles du monde entier. Du Nid familial (1977)
au Cheval de Turin (2011), le cheminement du cinéaste frappe tout autant par sa cohérence politique et philosophique que par l’évolution marquée de son style.
Ce livre revient sur ce parcours à partir de quatre films (Le Nid familial, L’Outsider, Damnation, Sátántangó), en partant des huis clos urbains d’inspiration documentaire que réalise Tarr au tournant des années 1970-1980, jusqu’aux fables métaphysiques qu’il conçoit dix ans plus tard avec l’écrivain László Krasznahorkai, au milieu des espaces désolés de la campagne hongroise. Il s’agit de comprendre les métamorphoses de cet artiste visionnaire en explorant les ancrages historiques et sociologiques de son cinéma, les influences et les rencontres qui ont nourri sa recherche esthétique, et les motifs qui traversent l’ensemble de son œuvre. Le désespoir qui la caractérise lui confère toute son actualité, notamment dans la manière dont il rencontre les imaginaires contemporains de la catastrophe écologique. Le génie du cinéaste hongrois aura été de traduire ce sentiment en une série d’expériences cinématographiques nous permettant, l’une après l’autre, de mieux saisir l’étoffe obscure de notre présent.
Mathieu Lericq est chercheur et enseignant en études cinématographiques à l’Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis, membre du laboratoire ESTCA, spécialiste des cinématographies centre – et est- européennes. Soutenu en 2019 et récompensé par un prix de thèse de l’Université d’Aix- Marseille, son doctorat porte sur la valeur politique des corps et des sexualités dans le cinéma polonais (1968-1989). Il est l’auteur d’articles portant sur l’œuvre de Krzysztof Kieslowski, Jerzy Skolimowski et Sergueï Loznitsa. Il travaille également comme critique et comme programmateur.
Damien Marguet est maître de conférences en études cinématographiques à l’Université Paris 8 – Vincennes Saint- Denis, membre du laboratoire ESTCA, cinéaste et programmateur. Ses travaux portent sur les cinémas d’Europe de l’Est et plus spécifiquement le cinéma hongrois, les relations entre cinéma, littérature, langue et traduction, et les problématiques écologiques.
AU CINÉMA LE 6 AVRIL